samedi 23 juillet 2011

L'amour

Au sous-sol, avec Antoine. Il fabrique une maison en blocs lego pendant que je m’applique à réaliser l’œuvre de ma vie. Antoine me regarde et me sourit et ça me donne des papillons dans le ventre. Je lui propose de jouer à la poupée avec moi, mais il refuse. Je termine mon magnifique barbo géant, le plus beau que j’aie fait jusqu’à présent. Je l’offre avec fierté et gravité à Antoine avant de retourner chez ma gardienne, la voisine, pour le repas.

Antoine m’attend à la porte, quelques heures plus tard. Il allonge ses bras vers moi et laisse tomber de ses mains des centaines de petits papiers déchiquetés qui atterrissent lourdement au sol. C’est le dessin que je lui avais offert. Il l’a détruit. Pour rien. Il repart, sans explication, sans même me regarder. J’ai le cœur et l’orgueil brisés. Pour la première fois.

dimanche 17 juillet 2011

Le tourisme sexuel

Dans les rizières. Deux jeunes garçons d’environ 6 ans s’amusent et rient. Le plus jeune s’approche et fait des signes sexuels explicites avec les mains. Je ris naïvement. I am all ready, qu’il crie. Je ne ris plus du tout. Elle fait toujours aussi mal, la réalité.

mercredi 6 juillet 2011

La tortue

J’ai la tête sous l’eau et je la vois, au fond de l’océan. Instinctivement, je lui fais un tata de la main. J’ai un peu honte de mon geste, alors je ris en faisant des bulles. La tortue me regarde fixement. Je la regarde avec surprise. Elle me regarde de côté. Je la regarde de haut. Elle me regarde d’un seul œil. Silence. Nous sommes immobiles. Je me laisse caler doucement. L’eau est chaude, les rayons du soleil éclairent les yeux de la tortue. Elle monte vers l’oxygène et je la suis. Elle vole avec méfiance. Je pourrais presque toucher sa carapace. Nous sortons nos têtes au même moment, pour respirer. Je l’observe avec attention, je tente de fixer pour toujours ce moment dans ma mémoire. Affolée, elle plonge en ligne droite vers les profondeurs, sans regarder derrière elle, sans me dire adieu. Je lui fais un second tata de la main, mais elle s’en fout.