Un travail à remettre à propos d’un roman complètement nul. Les phrases sont interminables, tellement longues que j’ai oublié de quoi il s’agit à la fin de chaque page. Étendue sur mon lit, je fixe le plafond en regardant dans le vide. Lis une page. Retourne au plafond. Lis une phrase. Plafond. Ennui profond.
« Il était tellement gentil qu'on voyait des pensées mauves et bleues s'agiter dans ses veines. »
« Il y a une anguille, il y avait plutôt, qui venait tous les jours dans son lavabo par la conduite d’eau froide. »
« Le tapis de l’escalier, mauve très clair, n’était usé que toutes les trois marches : en effet, Colin descendait toujours quatre à quatre. »
Un changement. Rapide. Je ne suis plus chez moi. Je devrais dormir à cette heure, mais j’ai oublié qu’il existe des choses comme le jour, la nuit, l’école secondaire, les amis. Je n’ai plus de texte à écrire. Je sens la présence du nénuphar de Chloé. Je fais pousser des fusils avec Colin. Je suis dans une chambre qui rapetisse, avec eux. Je pleure le suicide d’une souris grise.
Elle est surprenante, cette première fois où des mots écrits sur des feuilles de papier font changer quelque chose en nous, pour toujours...
Les moments
Refaire exister des moments, une dernière fois.
lundi 12 décembre 2011
lundi 12 septembre 2011
Septembre
Il y a des caisses de bois dans le carpote. À l’heure du diner, grand-papa sort pour aller y chercher une, deux, trois, quatre huitres qu’il ramène à la cuisine. J’entends le bruit du couteau qui craque sur les coquilles. Ça sent l’eau salée, la mer, la Gaspésie. Grand-papa laisse glisser l’intérieur des huitres dans un grand verre de bière forte. Il siffle, il est heureux, il a faim. Il plonge sa fourchette dans le verre. Il sort les huitres une par une et il les mange en chuchotant mmmm. Le doux arôme de houblon se mélange à celui de l’océan et se répand dans toute la maisonnée.
Septembre sentait si bon…
Septembre sentait si bon…
mardi 30 août 2011
Grand-maman
Une amie me prête un minuscule masque de porcelaine aimanté, mais je l’échappe sur le plancher de céramique. Il est en morceaux. J’enveloppe les pièces cassées dans un mouchoir et montre tout ça à grand-maman pour lui demander son avis. Je pense qu’avec un peu de patience, on pourra le réparer, qu’elle me dit avec son regard de jeune tannante.
Après chaque repas du midi, pendant des semaines, elle me conduit dans son atelier féérique. Nous recollons, morceau par morceau, le masque afin que je puisse le rendre dans un bon état.
Je colle la dernière pièce. J’examine le résultat final avec scepticisme : toutes les craquelures sont visibles ! Anxieuse, je fais part de mes inquiétudes à grand-maman. Elle me regarde avec toute la douceur du monde dans les yeux. Elle me tend un petit sac à l’intérieur duquel se trouve un nouveau masque, identique à celui sur lequel nous avons tant travaillé. Comme ça, tu pourras garder celui avec les fissures.
Après chaque repas du midi, pendant des semaines, elle me conduit dans son atelier féérique. Nous recollons, morceau par morceau, le masque afin que je puisse le rendre dans un bon état.
Je colle la dernière pièce. J’examine le résultat final avec scepticisme : toutes les craquelures sont visibles ! Anxieuse, je fais part de mes inquiétudes à grand-maman. Elle me regarde avec toute la douceur du monde dans les yeux. Elle me tend un petit sac à l’intérieur duquel se trouve un nouveau masque, identique à celui sur lequel nous avons tant travaillé. Comme ça, tu pourras garder celui avec les fissures.
lundi 8 août 2011
samedi 6 août 2011
La truite
À la pêche avec papa et maman. C’est l’automne. On lance des grains dans le lac pour attirer les poissons. Mes mains puent, mais je les garde sous mon nez pour que ça pue encore et encore et encore. Je crie lorsque je vois des truites passer à mes pieds.
Papa a la tête rentrée dans les épaules. Il tente d’éviter mon hameçon que je lance dangereusement dans les airs. Marilyne, fais attention, citron !
Papa frappe une truite sur le sol pour la tuer. C’est affreux, ça saigne. Il semble le seul à utiliser cette technique. Maman se cache le visage pour rire. La truite glisse des mains de papa et retourne périlleusement dans l’eau du lac.
Je ne me souviens pas si nous sommes repartis les mains vides, mais j’aime m’imaginer que oui.
Papa a la tête rentrée dans les épaules. Il tente d’éviter mon hameçon que je lance dangereusement dans les airs. Marilyne, fais attention, citron !
Papa frappe une truite sur le sol pour la tuer. C’est affreux, ça saigne. Il semble le seul à utiliser cette technique. Maman se cache le visage pour rire. La truite glisse des mains de papa et retourne périlleusement dans l’eau du lac.
Je ne me souviens pas si nous sommes repartis les mains vides, mais j’aime m’imaginer que oui.
samedi 23 juillet 2011
L'amour
Au sous-sol, avec Antoine. Il fabrique une maison en blocs lego pendant que je m’applique à réaliser l’œuvre de ma vie. Antoine me regarde et me sourit et ça me donne des papillons dans le ventre. Je lui propose de jouer à la poupée avec moi, mais il refuse. Je termine mon magnifique barbo géant, le plus beau que j’aie fait jusqu’à présent. Je l’offre avec fierté et gravité à Antoine avant de retourner chez ma gardienne, la voisine, pour le repas.
Antoine m’attend à la porte, quelques heures plus tard. Il allonge ses bras vers moi et laisse tomber de ses mains des centaines de petits papiers déchiquetés qui atterrissent lourdement au sol. C’est le dessin que je lui avais offert. Il l’a détruit. Pour rien. Il repart, sans explication, sans même me regarder. J’ai le cœur et l’orgueil brisés. Pour la première fois.
Antoine m’attend à la porte, quelques heures plus tard. Il allonge ses bras vers moi et laisse tomber de ses mains des centaines de petits papiers déchiquetés qui atterrissent lourdement au sol. C’est le dessin que je lui avais offert. Il l’a détruit. Pour rien. Il repart, sans explication, sans même me regarder. J’ai le cœur et l’orgueil brisés. Pour la première fois.
dimanche 17 juillet 2011
Le tourisme sexuel
Dans les rizières. Deux jeunes garçons d’environ 6 ans s’amusent et rient. Le plus jeune s’approche et fait des signes sexuels explicites avec les mains. Je ris naïvement. I am all ready, qu’il crie. Je ne ris plus du tout. Elle fait toujours aussi mal, la réalité.
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