Mes lèvres tremblent, mes mains tremblent, mes cheveux tremblent. J’entre doucement dans la chambre. L’air est sec, ça pue. La peinture écaillée des murs. Le rideau beige. L’éclairage de la télévision. Ses jambes maigres. Ses cernes. Son sourire.
« Salut grand-papa. »
Souviens-toi, souviens-toi, souviens-toi, souviens-toi, souviens-toi. Souviens-toi une dernière fois.
« Danielle ? »
mercredi 30 mars 2011
mardi 29 mars 2011
Le pont
Ma bouche est tellement sèche. J’ai l’impression d’avoir rempli mon sac à dos avec des foutues briques de construction. Je marche depuis des heures avec une paire d'espadrilles neuves dans les pieds et je me déteste. Faire du camping, ça semblait une bonne idée hier. Nathalie et Diane rient et chantent un peu plus loin devant moi. À cet instant précis, je les déteste elles aussi. Je suis de mauvaise foi, c’est impressionnant comme je suis désagréable. J’ai chaud. Des moustiques partout. Besoin d'eau. On arrive face au soi-disant pont et j’ignore s’il va tenir le coup. Les filles ont arrêté de chanter. Je ne pense pas qu’on puisse le traverser toutes les trois et elles pensent probablement la même chose que moi. Je prends une photo, parce que je ne sais pas quoi faire d’autres. Je crie : OSTI DE CALISS.
lundi 28 mars 2011
Apprendre à voler, premier essai
Des jours à secrètement amasser tous les sacs de plastique qui traînent. Je rejoins Antoine dans son sous-sol. Avec minutie et sérieux, j'agrafe tous les sacs pour en faire un majestueux parachute. Je suis impressionnée par mon œuvre. Antoine joue avec Monsieur Patate.
Au parc, je retire l’immense parachute de mon sac. Je grimpe courageusement sur la glissade. À son sommet, je me lève et lance un regard malicieux à Antoine qui a la bouche ouverte d’incertitude. C’est haut, mais j’ai confiance. Je m’élance à l’horizontal dans les airs, mon parachute de sacs dans les mains. Trois mètres plus bas, je tombe durement sur le ventre dans l’herbe. Le parachute me couvre la tête. Je hurle. Rachel arrive en courant et ne peut se retenir de rire. J’ai échoué. Je hurle.
Antoine s’est enfui.
Au parc, je retire l’immense parachute de mon sac. Je grimpe courageusement sur la glissade. À son sommet, je me lève et lance un regard malicieux à Antoine qui a la bouche ouverte d’incertitude. C’est haut, mais j’ai confiance. Je m’élance à l’horizontal dans les airs, mon parachute de sacs dans les mains. Trois mètres plus bas, je tombe durement sur le ventre dans l’herbe. Le parachute me couvre la tête. Je hurle. Rachel arrive en courant et ne peut se retenir de rire. J’ai échoué. Je hurle.
Antoine s’est enfui.
dimanche 27 mars 2011
La mer
Diane est face à la mer et elle regarde au loin. Je laisse mon sac à dos sur le sol et je vais la rejoindre. Elle se tourne vers moi, on se sourit, c’est suffisant. Je laisse tomber ma tête sur son épaule, mais c’est inconfortable. Même si le soleil se couche, je sens encore sa chaleur dans mon cou, sur mes joues, sur mes cuisses. Je m’assoie dans le sable qui me colle sur les jambes à cause de la crème solaire, mais je m’en fous. Je ferme les yeux pour respirer le sel du vent. J’écoute le va-et-vient de l’eau. Le départ est imminent. Je laisse couler mes larmes, sans honte. Marilyne, il faut se souvenir pour toujours de ce moment, me chuchote Diane.
J’ai réussi.
J’ai réussi.
Trop tard
Je vais lui écrire. Par la poste. Non. Par courriel, ce serait plus facile. Je vais retrouver son numéro de téléphone et régler ça de vive voix, oui, c’est une bonne idée. Non, je ne sais plus, je pense attendre d’être revenue de Suisse. Oui, je vais penser à ça, mettre mes idées au clair et je prendrai ma décision plus tard.
Salut Dave, j’espère que tu vas bien. Es-tu encore fâché contre moi? Ça fait tellement longtemps cette histoire, je ne me souviens même plus qu’est-ce qu’il s’était vraiment passé. J’aimerais te revoir pour qu’on en parle. Notre amitié me manque. Je n’ai pas agi correctement avec toi, ça je sais, je me souviens. Ça fait déjà deux ans que je remets cette lettre à plus tard. Pardonne-moi, je me trouve tellement conne. J’attends ta réponse.
Dave-Michael Lesage
(1986-2009)
Salut Dave, j’espère que tu vas bien. Es-tu encore fâché contre moi? Ça fait tellement longtemps cette histoire, je ne me souviens même plus qu’est-ce qu’il s’était vraiment passé. J’aimerais te revoir pour qu’on en parle. Notre amitié me manque. Je n’ai pas agi correctement avec toi, ça je sais, je me souviens. Ça fait déjà deux ans que je remets cette lettre à plus tard. Pardonne-moi, je me trouve tellement conne. J’attends ta réponse.
Dave-Michael Lesage
(1986-2009)
samedi 26 mars 2011
Le vol
Je ris trop fort.
« Chutttt Marie, on va se faire pogner si tu continues ! »
Un regard à droite, à gauche, un autre à droite, encore à gauche. Je grimpe une clôture de bois, pendant que mon compagnon fait consciencieusement le guet. Je me sens comme un chat et je trouve ça con et ça me fait rire, mais je me retiens. Le soleil me fait plisser les yeux, alors j’atterris difficilement sur le sol. Je me déplace lentement, je respire bruyamment et j'entends mon cœur battre dans mes oreilles.
Je suis sous l’arbre. J’allonge un bras, mais je suis trop petite, alors je saute, j’attrape une branche et je la secoue vigoureusement. Je regarde avec inquiétude les fenêtres de la maison. J’ai oublié de m’attacher les cheveux, alors j’en ai plein la bouche à cause du vent.
De retour avec mon butin, je suis Monica la Mitraille incarnée. On court en direction de l’auberge. À bout de souffle, je lui tends un citron. Je garde l’autre pour moi et je souris. Les yeux dans les yeux, nous mordons à pleines dents dans nos fruits. Du jus coule de part et d’autre de sa bouche. Je grimace et lui aussi. Un citron, ça n’a jamais été vraiment bon.
« Chutttt Marie, on va se faire pogner si tu continues ! »
Un regard à droite, à gauche, un autre à droite, encore à gauche. Je grimpe une clôture de bois, pendant que mon compagnon fait consciencieusement le guet. Je me sens comme un chat et je trouve ça con et ça me fait rire, mais je me retiens. Le soleil me fait plisser les yeux, alors j’atterris difficilement sur le sol. Je me déplace lentement, je respire bruyamment et j'entends mon cœur battre dans mes oreilles.
Je suis sous l’arbre. J’allonge un bras, mais je suis trop petite, alors je saute, j’attrape une branche et je la secoue vigoureusement. Je regarde avec inquiétude les fenêtres de la maison. J’ai oublié de m’attacher les cheveux, alors j’en ai plein la bouche à cause du vent.
De retour avec mon butin, je suis Monica la Mitraille incarnée. On court en direction de l’auberge. À bout de souffle, je lui tends un citron. Je garde l’autre pour moi et je souris. Les yeux dans les yeux, nous mordons à pleines dents dans nos fruits. Du jus coule de part et d’autre de sa bouche. Je grimace et lui aussi. Un citron, ça n’a jamais été vraiment bon.
La tomate
Aller au jardin dans la cours arrière, me pencher en petit bonhomme et chercher la plus belle tomate, la plus ronde, la plus grosse, la plus appétissante. La tourner pour la détacher de sa tige, la porter à mon nez et sentir son odeur fraîche et légèrement amère. Revenir vers la maison en courant et tendre la tomate à Gaston qui me sourit de fierté. Il la prend, la palpe et conclut qu’elle n’est pas prête, on ne pourra pas la manger ce midi Marilyne, elle n’est pas tout à fait mûre. Je le suis jusqu’à la cuisine et le regarde poser la tomate sur le rebord de la fenêtre, au soleil, à côté des trois autres.
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